La Révolution des Petits Pas - Préface du livre

 

Enfant de droit - La révolution des petits pas ...  « Pourquoi est-ce que cela paraît subversif de dire que les parents n'ont aucun  droit sur leurs enfants? A leur égard, ils n'ont que des devoirs, alors que les enfants n'ont envers eux que des droits, jusqu'à leur majorité. Pourquoi est-ce que cela paraît subversif de dire que tout adulte doit accueillir tout être humain dès sa naissance comme il aimerait lui-même être accueilli ? Que tout bébé et enfant doit, partout adulte, être assisté dans son dénuement physique,  son incoordination et son impuissance physique, son aphasie, son incontinence,  son besoin de soins et de sécurité avec le même respect que cet adulte désirerait s'il était dans la situation de cet enfant, et non pas comme il a été, ou croit avoir été, traité dans son enfance ? »

Ainsi s'exprimait Françoise Dolto dans la « Cause des enfants ». Elle y dénonçait trois causes du malentendu fondamental dans les relations adultes-enfants :

  1. -les responsables ne se préoccupent pas du tout du développement et  de l'expression personnelle de l'enfant;  - L'ignorance et la pseudo-science commandent ;  - Le pouvoir médical et le pouvoir institutionnel décident de tout et se  substituent au désir de l'enfant et de la mère.  En organisant ce colloque national à l'UNESCO, du 15 au 18 janvier 1990,  l'association LA HARPE - ENFANT DE DROIT a voulu que les « utopies pour  demain» de Françoise Dolto deviennent des réalités d'aujourd'hui.  Deux ambitions ont présidé à cette rencontre:  - formuler des propositions concrètes pour que de nouvelles décisions politiques soient prises. Vous les trouverez regroupées en fin de volume;  - mettre en place une soirée débat inter-associative pour que soit examinée la question des Etats-Généraux des enfants. Comme le rappelait Françoise Dolto,  «En 1789, la cause des enfants fut la grande oubliée des Etats-Généraux de la Révolution Française». En 1990, après la signature à l'ONU de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, il nous reste encore un long chemin à parcourir pour que les adultes acceptent de se laisser questionner par la parole des enfants. La soirée inter-associative à l'UNESCO, ouverte à des partenaires très divers, dont vous trouverez les débats publiés in-extenso, fait un peu un «état des  lieux », il apparaitra plus clairement encore, je pense, que nous en sommes encore  bien loin de cette dernière utopie de Françoise Dolto: « Un Ministère des Jeunes dans une société pour les enfants ».
















Notre association s'est engagée, lors d'une rencontre inter-associative à  l'Assemblée Nationale, à l'issue du colloque, à promouvoir cette « utopie pour demain ». Elle s’y emploie dès à présent et sollicite pour cela le concours de toutes les instances concernées. « C'est à la place faite aux enfants que l'on juge une  société et sa culture », nous rappelait Jean-Pierre Rosenczveig, magistrat et  Directeur de l'IDEF. N'en déplaise à certain philosophe médiatique, et à une certaine analyse caricaturale et bouffonne, force nous est de constater au  quotidien que les enfants sont encore aujourd'hui, et malgré les avancées considérables en ce domaine, le « Tiers-Etat de la nation ». Il n'est pas question de surenchère ni de démagogie, il suffit d'avoir des oreilles pour entendre leurs cris et leurs doléances. Je pense que ce qui fait symptôme aujourd'hui, c'est notre «surdité psychique » à entendre la parole des enfants.  Deux mille huit cents personnes, d'horizons très divers, ont participé aux  quatre jours de notre colloque, dont près de mille huit cents chaque jour ont manifesté leur profond attachement et leur questionnement face aux idées développées dans la « cause des enfants ». « Je pense que ce qu'il faut bien nommer « le phénomène Dolto », constitue aujourd'hui une forme absolument inégalée du surgissement de l'inconscient dans l'univers contemporain. Il a  constitué pour beaucoup une vraie révolution », nous déclarait Gérard Bonet aux  journées d'études de l'E.P.C.I.

Le courrier très abondant qui nous est parvenu pendant et après le colloque atteste que l'esprit révolutionnaire insufflé par Françoise Dolto demeure vivant parmi nous. Je lui laisserai ici le dernier mot, à elle qui fut la fondatrice de la  psychanalyse de la petite enfance en France, pour préciser le titre de ce colloque,  «La Révolution des Petits Pas », dans ses visées de prévention précoce :  ce que j'essaie de comprendre, et que j'ai toujours essayé de faire comprendre aux parents, c'est: comment aider un enfant au mieux lorsqu'il est autonome,  pour que lui restent certitude et confiance dans son identité sexuée, dans son identité de fils ou de fille de « deux parents », même lorsqu'il n'en connaît qu'un. L'enfant, ce n'est pas une répétition du passé, mais un être disponible au jour le  jour pour perpétuer le contact et les échanges, d'une manière aussi créatrice que possible, avec les autres. En prendre compte, c'est cela que j'appelle la prévention.

PREFACE

par Willy BARRAL

Président de l'association

Je tiens à remercier ici chacun des conférenciers, dont les travaux ont mis en lumière les aspects les plus novateurs de la prévention précoce. Leur mérite est d'autant plus grand que chacun a accepté de présenter son propos en un temps ramassé, sans en amoindrir la portée, gardant toujours à l'esprit notre objectif : que ce colloque soit 1'occasion d'élaborer des propositions concrètes pour que les politiques se préoccupent de la vie quotidienne des enfants.  J'exprime aussi ma profonde gratitude aux artistes, qui ont été les premiers à  bâtir une chaîne de solidarité pour que notre action voie le jour: Miguel Angel  Estrella, la Fédération Musique-Espérance, Howard Butten, la direction du  Théâtre du Ranelagh, Francis Perrin et les comédiens qui ont joué pour nous Les Fourberies de Scapin, Rufus, pour son spectacle “Les 300 dernières”, Yves Simon,  pour sa chanson « Nés en France», Bernard Chenez qui a posé sur le déroulement des journées le regard aiguisé du dessinateur humoriste. Des actions de mécénat nous ont facilité la réalisation matérielle du colloque; que les généreux donateurs trouvent ici l'expression de ma reconnaissance : Jacques Chirac et la Mairie de Paris, Federico Mayor Zaragosa et les  services de l'UNESCO, Pierre Giraudet et la Fondation de France, Gabriel Hardy et la FN ARS, Jean-Louis Machuron et Pharmaciens sans Frontières, Denis Bourgeois et les Editions Grasset, Dr. Barrier et 1'association Sèvres-Jeunes, Philippe  et Geneviève Mulsant nos amis, Raymonde Gilant et Alain Kieser des Éditions Lierre & Coudrier. Enfin,je remercie chaleureusement tous les membres de notre  Conseil d'Administration pour leur soutien inconditionnel, Didier Barral qui a  porté nos couleurs lors de la course en solitaire de la Mini-Transat et Florence Arthaud qui a marrainé son bateau, ainsi que toute l'équipe militante de notre  association, Christine Barral, Sylvie Neuhuys, Geneviève Mulsant, Anne Maupas, Henriette Charpentier, Isabelle Champagne, Didier Baumeister, Annick  Gaillard et les services de son agence A.C.A., Chantal Humbert Secrétaire  Générale de l'association qui a accepté la lourde tâche de mener à bien les Actes  du colloque, qu'elle trouve ici toute ma gratitude.

Willy Barral

Allocution d’ouverture du colloque

Illustration par Claudie Barral

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