Propositions concrètes tirées du colloque

 

Willy Barral, psychanalyste, président de l'Association la Harpe - Enfant de droit, organisateur du colloque.

«Enfant de droit», c'est affirmer et reconnaître les enfants comme des sujets parlant, citoyens du monde à part entière dans nos pratiques au quotidien. De la notion de droits octroyés aux enfants par des adultes à celle de «la Cause des enfants» qui questionne nos devoirs adultes, un long chemin reste à parcourir. Souvenons-nous que nous n'avons pas le pouvoir de donner la parole aux enfants. Seulement celui de remplir nos devoirs à leur égard et les entendre quand ils nous parlent en tentant de nous le crier à travers leurs maux. En nous adressant ici à des adultes, nous voulons que soient créés des lieux de parole et des espaces pour et avec des enfants, afin que leur parole puisse s'y trouver «désaliénée» de celle des adultes.


Hélène Dorlhac, ministre chargée du Secrétariat d'Etat de l'Enfance et de la Famille.

- Loi sur la protection et la promotion maternelle et infantile visant à définir l'équilibre entre une «prévention-protection» due par l'Etat et une «prévention-promotion» qui responsabilise chacun. - rééquilibrer les aspects technologiques et l'environnement psychoaffectif de la surveillance de la grossesse et de l'accouchement.

- Mettre en place une fiche de liaison entre les médecins qui suivent la grossesse et les médecins du travail.

- Mettre en place un réseau associant les services départementaux publics et privés, sous la responsabilité du Président du Conseil Général, dont la mission est d'informer et de sensibiliser la population aux problèmes de l'enfance maltraitée.

- Un service d'accueil téléphonique national a été mis en place et fonctionne 365 jours par an: 05 05 4141

- Mise en place des contrats-enfance pour l'éveil culturel des jeunes enfants.


Dr Remy, Président de l'UNICEF - Comité Français

- A propos de l'article 6 sur Ie droit à la survie et au développement: «Je pense que la Convention internationale des droits de l'enfant nous met sur le point de transformer cette façon de subir ce que j'appellerais une certaine culture de la précarité en un droit pour les nations, en un droit pour les enfants, de réclamer quelque chose de plus vivant en ce qui concerne réellement leur existence de tous les jours.»


Jean-Pierre Rosenczveig, Directeur de l'IDEF

- « L'enfant, un temps dépendant a, aujourd'hui, vocation, pendant plusieurs décennies même, de prendre lui-même en charge ses propres parents. C'est un autre regard sur l'enfant, et pas seulement sur la minorité, qu'il faut avoir. Il faut donc que l'enfant ait aussi son mot à dire, s'il est une personne, dans les choses qui le concernent directement. »

Dans l'Europe des hommes en construction, il faudra avoir une approche des droits de l'enfant relativement cohérente: « Pourrons-nous, plus longtemps, admettre qu'entre Paris et Bruxelles, distantes de quelque 300 kilomètres, l'enfant soit considéré, là-bas, comme ne disposant pas de son discernement avant 16 ans, et ne puisse donc être amené à rendre des comptes sur ses actes, et, ici, en France, pouvoir être condamné dès 7 -8 ans ? Si nous voulons construire une Europe des hommes, nous devrons avoir des normes qui nous soient communes !


Pascal Vivet, Président de l'Association Française pour le Développement des Droits de l'Enfant (AFDDE)

- Paroles d'enfants qui sont un véritable catalogue de propositions concrètes citées dans le livre noir des enfants qui se sont réunis au Sénat en novembre dernier, sous le haut patronage du Président de la République. Se reporter aux actes du colloque de l'AFDDE qui seront publiés.


Dr Frans Veldman «La confirmation affective à l'aube de la vie - l'haptonomie périnatale»

- Fondateur de l’haptonomie en France, il nous rappelle un leitmotiv spécifique: la confirmation affective de l'enfant dès la conception dans sa relation à sa mère, à son père: « Il n'existe d'humanité réelle que là où cet affermissement est procuré et que l'aptitude à le procurer aux autres a pu s' y épanouir» Les stimuli de contacts affectifs et confirmants manquent dans la plupart des grossesses. L'accompagnement péri-natal haptonomique prouve qu'il est possible d'établir entre les parents et l'enfant - au stade prénatal - une rencontre affective pleine de stimuli vivifiants « Un monde qui se veut «humain» doit - avant tout - respecter, surveiller et garantir ce droit fondamental dont la responsabilité incombe à chacun».


Catherine Dolto-Tolitch

- Accueil et humanisation de l'enfant. J'aimerais que l'état d'urgence, en ce qui concerne le sabotage quasi systématique des trajectoires humaines à leur base, dans leurs fondations, soit déclaré et que nous cherchions tous ensemble comment diminuer la violence faite aux enfants dès leur conception. dans les bras de sa mère, dans le silence, la demi-obscurité, où nous devons nous retirer pour laisser place entière au couple avec son bébé.

- L'amour est surprise, et il nous faut savoir accepter l'ambivalence des sentiments. L'être vivant est un être de paradoxe et l'espèce humaine est la seule espèce vivante où peuvent cohabiter à la fois l'amour et la haine pour le même objet. Il nous faudra donc être attentifs à cette ambivalence pour favoriser dans le bon sens la relation mère-enfant.

- Il nous faut encore mettre l'accent sur l'aspect de crise organisatrice que constitue la période post-partum de la femme, en particulier primipare. Ce sont toutes ces notions qui vont permettre d'éviter de créer un modèle de la bonne mère, mais de s'adapter à chacune.

- Créer des lieux de parole pour les mères, et des entretiens de puériculture. Des entretiens sur le vécu de l'accouchement où elles pourront s'exprimer, et, parfois, se libérer d'angoisses, de regrets, d'incompréhension, de culpabilité, sur les événements de la naissance.

- Laissons les pères circuler librement à toute heure dans les maternités, en les invitant à participer aux soins de l'enfant. Que dans certaines circonstances, ils soient également autorisés à coucher à la maternité.

- Qu'on ne supprime pas le séjour post-natal en maternité, sous prétexte d'économie, mais qu'on le favorise au contraire.

- Que l'on cesse de considérer l'enfant comme un «passager clandestin» dans nos maternités. "

- L'acte de naître n'est pas valorisé en soi, surtout par rapport à la mort : la naissance est banalisée, voire ridiculisée, si l'on se réfère aux honoraires d'un accoucheur en France.


Albert Goldberg

« A propos de témoignages recueillis à la maternité : violences insidieuses, à

l'insu de et vécu de violence »

- Des mères proposent concrètement, à partir de plaintes bouleversantes qu'elles ne savent dans quelles oreilles déposer. (Se reporter à ces témoignages de violence au quotidien au moment de l'accouchement).

- Ne pas traiter les êtres humains comme des «canards sauvages», mais avec tout le respect et la chaleur humaine auxquels ils ont droit.


Bernard Fonty

« Pour une maternité épanouie: le premier droit de l'enfant»

- La maternité pourrait être plus épanouie si nous prenions en compte les désirs particuliers et l'inconscient de chacune des femmes qui accouchent: l'imaginaire de chacune est respectable, et chaque accouchement possède une histoire qui lui est singulière; c'est la rencontre de l'enfant imaginaire avec l'enfant réel.


Alain Benoit et Anne Sachse

« Le premier examen clinique du nourrisson : une naissance parmi d'autres»

- Il faut que cesse cette absence de communication entre le nouveau-né et la puéricultrice

- Il faut permettre le libre accès à la maternité des frères et des soeurs, des pères, sans limite horaire.


Aude Wallet

« Naître si petit et commencer à grandir avec sa mère à la maternité »

- Dans la déclaration des droits de l'enfant, article 6, il est écrit : « Sauf circonstance exceptionnelle, il ne faut pas séparer l'enfant en bas âge d'avec sa mère »

- Je souhaite que soit démédicalisée en sécurité et en tendresse la prise en charge des enfants nés prématurément ayant un faible poids de naissance.»


Les modes d'accueil pour les enfants

Michèle Barzac

« La politique familiale au service de l'enfant»

- Il est clair qu'aujourd'hui, l'enfant, le très jeune enfant même, doit cesser d'être ce que j'appellerai les «objets» de la politique familiale. Je crois même que la prise en compte de l'enfant comme personne constitue, aujourd'hui, l'un des points d'appui qui devrait permettre un nouvel essor de l'action que mènent les pouvoirs publics.

- Au-delà des aménagements ponctuels, que j'ai pu mettre en place - dont l'allocation de garde d'enfant - il est urgent de réaliser, en la matière un véritable saut qualitatif, c'est-à-dire introduire plus de souplesse et de diversité dans les modes de garde.


Sylvie Tsyboula

« L'enfant: de l'espace intime « aux espaces publics»

- Les espaces qui sont les plus officiellement consacrés aux jeunes enfants comme aux enfants plus âgés témoignent soit de la méconnaissance de leurs besoins et de leurs compétences, soit d'un certain mépris. Que dire des espaces qui leur sont ouverts secondairement, dont la vocation première de conservation, comme le musée, ou de soin, comme l'hôpital, prime sur tout autre et, en particulier, sur le fait que l'on accueille des enfants? »


Emmanuelle Piet

«Mon corps, c'est mon corps»

Elle se fait l'écho des plaintes à répétition qu'elle entend dans la bouche des enfants concernant toutes ces violences banales mais quotidiennes qu'ils subissent de la part des adultes; et plus particulièrement la violence qui est faite à leur pudeur du fait que les portes des WC de l'école n'ont toujours pas de verrou et qu'il n'y ait pas toujours de déshabilloirs individuels dans les piscines pour enfants.

- L'enfant a le droit de ne pas subir les choses qu'il ne souhaite pas subir!


Ivonny Lindquist

« Les aires de jeu thérapeutique à l'hôpital: une méthode suédoise propagée. »

- Le jeu est une activité fondamentale pour l'enfant; il est indispensable de créer des aires de jeu pour les enfants dans les hôpitaux: « Aussitôt qu'un enfant rentre à l'hôpital, dans une salle d'attente, dans une salle d'examen ou de traitement, il doit trouver un espace arrangé pour le jeu, avec des jouets, des images, des livres pour enfant, disponibles ».


Gunilla Röden

«L'éducation des parents: forum d'un soutien spécial»

- Que l'on permette aux parents de rester à l'hôpital avec l'enfant, plus particulièrement la nuit

- Que l'on constitue des groupes de parole et de formation des parents»

- Que l'on fasse se rencontrer, pour les soutenir psychologiquement, les parents et le personnel soignant.


Sylvie Rosenberg-Renher

« Le droit au jeu pour l'enfant à l'hôpital»

- La Charte des droits de l'enfant hospitalisé énonce le droit fondamental au jeu. La France est donc soumise légalement au respect de cette Charte votée par le Parlement Européen en 1987.


Janine Lévy et Danielle Rapoport

« Des collectivités en mouvement»

- Le personnel des crèches a le plus grand besoin d'être soutenu dans le travail thérapeutique qu'il accomplit auprès des bébés, de manière à pouvoir suivre l'évolution de chaque enfant et surtout faire partie intégrante du projet de vie de cet enfant.


Sylviane Giampino

« Des bébés prévenus au nom de la prévention! »

- S'il est bien sûr nécessaire pour toute institution de se fixer un cadre, s'il est indispensable en PMI de tendre des passerelles interservices, peut -on, pour autant, négliger ce que ces passages mettent en jeu pour les enfants et leur famille, ces passages vers d'autres interlocuteurs, d'autres lieux, d'autres atmosphères, d'autres codes, d'autres fonctionnements.

- Comment être vigilant pour saisir l'opportunité d'une aide qui, même ponctuelle, est quelquefois décisive sur le devenir d'un enfant, sans pour autant traquer, chez chaque enfant, le «malade», le «névrosé», ou l'enfant «en danger» qui s'ignore.

- L'un des premiers droits d'un enfant est le droit à sa singularité ce qui signifie sa complexité, ce qui signifie que nous devons accepter et supporter que sa vérité, à lui, soit aussi dans tout ce qui nous en échappe» Parler aux enfants, c'est les maintenir dans le sens de ce qui les concerne.


Luc-Henry Choquet

« La Maison Verte: réalisation pratique d'une proposition éthique dédiée à l'enfant»

- Du point de vue d'une éthique déduite de la psychanalyse, le comportement parental est présenté comme enjeu moral sous la forme de rencontres avec l'enfant qui mettent en évidence des exigences pulsionnelles difficiles à maîtriser. Françoise Dolto rappelait : C'est par la maîtrise de leur sensualité vis-à-vis de la séduction, à laquelle le désir de l' enfant vise à faire de père et mère ses objets de plaisir, que les adultes manifestent leur capacité éducatrice.


Marie-Hélène Malandrin

« Ce que parler veut dire ou le silence d'Arthur»

- Arthur, atteint d'une sténose laryngo-congénitale, vient poser aux adultes que nous sommes, aux financeurs des écoles, des hôpitaux, des crèches, des jardins d'enfants, des maisons vertes, la seule question qui le concerne en cette fin de siècle: « comme Voltaire, allez-vous continuer de nous prendre, nous les enfants pour des plantes ou des animaux, ou bien allez vous intégrer dans vos budgets, vos prévisions, non plus seulement nos besoins de soins, d'instruction, de garde, mais reconnaître enfin que nous sommes avant tout des êtres intelligents, des êtres de désir, et que cela s'inscrit par la parole? »C'est cela la prévention première.


Philippe Beague

« Une maison verte à Bruxelles - La Fondation Françoise Dolto »

- Puisque l'Etat ne voit pas ce qu'il est possible et nécessaire de faire pour les enfants qui naissent aujourd'hui et qui auront vingt ans dans vingt ans, tournons-nous vers le seul partenaire possible pour essayer de lancer de nouvelles initiatives, l'entreprise.


Josette Combes

«La participation parentale dans les lieux d'accueil »

- Que cette fonction fondamentale d'accompagnement de parent soit reconnue, assortie du droit pour le père et pour la mère de détourner une demi-journée salariée au moins par semaine pour la consacrer aux jeunes enfants. Ainsi, toutes les crèches pourraient devenir parentales, selon des modalités qui leur seraient propres et qu'elles définiraient

- Que l'on cesse de parler de· dépense en matière de petite enfance, parlons d'investissement consacré à la gestion harmonieuse des ressources humaines et que l'on reconnaisse aux professionnels qui se consacrent à cette fonction essentielle un statut et un salaire qui en soit digne.


Micheline Lenne

« L'accueil à la journée: des mots, des lieux, des temps»

- Nous ne voulons plus être un mode de garde, mais un mode d'accueil. Ce prolongement de l'accueil et cette spécialisation d'un accueil périscolaire nécessitent un assouplissement des agréments et une continuité d'aide financière pour les parents.

- Les mêmes besoins sont à revendiquer pour des cas de plus en plus fréquents de parents en difficultés personnelles, relationnelles ou sociales, pour qui l'accueil chez une assistante maternelle - jour et nuit - pendant une période transitoire, pourrait permettre de se reprendre, de souffler, de s'organiser, sans pour autant devoir passer par le système aide sociale à l'enfance, où ils se sentent dépossédés et en situation d'échec. Ce système d'accueil serait une bonne solution préventive, évitant des dégradations plus grandes des situations et donc de moindre souffrance pour l'enfant.


Elisabeth·Wattell

« Le jeu c'est du sérieux: créer des espaces de jeu extérieurs pour et avec les enfants »

Il faut créer des espaces de qualité :

- En organisant des espaces et en variant les ambiances

- En diversifiant les matériaux utilisés pour multiplier les découvertes

- En offrant des supports à l'imagination

- En choisissant aussi des équipements aux possibilités ouvertes et multiples

- En associant les enfants au projet et à sa réalisation

- En mobilisant un partenariat multiple

- En ouvrant au maximum sur l’extérieur ces espaces de jeu par leur intégration à la vie du quartier.


Evelyne Lehalle

«Muséologie nouvelle pour enfants»

- Le musée d'hier est un lieu qui n'a pas été du tout conçu pour les enfants, parce qu'à l'époque du musée napoléonien, l'enfant n'était pas pris en compte dans la présentation des oeuvres. Il nous faut concevoir un nouvelle adaptation du musée aux enfants:architecture, présentation muséographique, circulation et parcours, différentes sortes d'aide à la visite; ne pas infliger des visites de plus de deux heures aux enfants; apprendre à questionner les modèles existants; dé-scolariser le musée; et pour cela former un personnel spécialisé pour les accueillir.


Pierre de Rosa

« Droit d'expression et rôle social des enfants: quel espace social ».

Se reporter au cahier de doléances des enfants et des jeunes, opération d'expression publique des enfants dans la cité, lancée en 1988 par les Francas et l'ICEM


Monique Gueneau

« La révolution des petits pas au sein d'une municipalité de grande ville»

- Il faut développer et créer des petites structures d'accueil pour la petite enfance, en tenant compte d'une logique cohérente de facilitation des déplacements de la mère avec ses enfants.

- Favoriser le retour en centre-ville des familles relativement nombreuses et mettre à leur disposition des structures d'accueil. 


Raymond Bellaiche

«Du droit à l'enfant aux droits de l'enfant»

- Créons des structures réservées et adaptées à l'enfant, dans nos rues, pour mères qui poussent un landau, afin de cesser d'asphyxier les bébés avec les pots d'échappement des voitures; dans les jardins d'enfants, en créant un abri réservé aux mères qui allaitent ou qui désirent changer leur nourrisson.


Le congé postnatal et la reprise du travail

Michèle André, Secrétaire d'Etat Chargée des Droits des Femmes

- Que l'on cesse d'enfermer les femmes dans une certaine conception du rôle de la mère, et sous ce prétexte de les écarter de la vie sociale et économique.

- Que l'on traite les filles à égalité avec les garçons: égalité de traitement pour une égalité des chances qui est un gage de véritable égalité des responsabilités dans leur vie adulte: égalité dans l'éducation -la vie sociale -la vie professionnelle.


Marie-Dominique Linder-Marie et Catherine Maupas-Morera

«L'allaitement, un maternage sans violence»

- Il faudrait accorder aux mères une reprise du travail à la carte, entre deux mois et demi et la fin du cinquième mois, ou accorder une facilité de travail à temps partiel à l'intérieur de ce délai.

- Faciliter la possibilité pour la mère d'allaiter son bébé sur son lieu de travail

- Informer et former de manière appropriée l'équipe soignante quant à l'allaitement


Jacqueline de Chambrun

«Politique de service en PMI et pouvoir d'indignation»

- Il faut encourager le pouvoir d'indignation au nom du sens commun qui permet de révéler l'absurdité des règlements.


Geneviève Appell

«A propos des pouponnières»

- Que chaque enfant bénéficie de relations authentiques avec des adultes stables auprès de lui, limités en nombre, ayant le souci d'accompagner son développement. Il nous faut créer un cadre de vie où l'enfant puisse se trouver. Et pour cela favoriser la création de petites institutions.

- Que soit offerte au personnel des pouponnières la possibilité d'un travail d'élaboration avec un tiers qui les aide à trouver la juste distance avec l'enfant et avec ses parents. Enfin des évolutions de carrières sont à inventer, car il est impossible de se cantonner pendant des années, au seul soin de jeunes enfants sans qu'il y ait aliénation de ces soins.


Frédérique Leprince

« L'accueil de l'enfant lors de la reprise du travail de la mère »

- Que des relais se mettent en place entre les mères et les pouvoirs publics, pour répercuter et traduire auprès des décideurs les attentes des familles.

- Il faut envisager un allongement du congé post -natal, avec éventuellement un assouplissement des horaires de travail des parents de jeunes enfants.

- Pour la gante en individuel, il me semblerait important d'envisager la création d'une allocation qui pourrait varier selon le quotient familial des parents.

- Il faut envisager d'améliorer le statut des assistantes maternelles pour le rendre plus attractif qu'il ne l'est actuellement.

- L'accueil en crèches collectives et familiales demanderait à être notoirement étendu et assoupli.


Les lieux de parole pour enfants

Jacques Barrot, ancien Ministre de la Santé, Député de la Haute-Loire

- La loi de juillet 1987 sur l'exercice conjoint de l'autorité parentale confère à l'enfant un véritable droit d'être entendu, puisque le juge des tutelles doit dorénavant entendre un mineur de moins de 13 ans et que celui-ci peut choisir un conseil. Il nous faut aller plus loin, et je m’y emploie par un projet d'un avocat médiateur pour l'enfant.


Jean-Michel Belorgey, Président de la Commission des Affaires Culturelles,

Familiales et Sociales à l'Assemblée Nationale

- Dire que l'enfant a vocation à la citoyenneté, dire qu'il a vocation à s'essayer comme enfant, à celle qu'il sera appelé à exercer comme adulte, ce n'est pas vouloir l'arracher à l'enfance! Je suis pour le droit à l'enfance. Avancer l'idée que, pour s'engager dans un apprentissage, il faut que les adultes, les familles ou d'autres ne s'interposent pas toujours comme un écran entre , l'enfant et les responsabilités dont on lui propose de faire l'exercice, ce n'est pas vouloir arracher l'enfant à sa famille !

- La Convention internationale des droits de l'enfant vient d'être ratifiée. Le législateur se doit donc maintenant d'en défendre les ambitions. La loi n'est certes pas un instrument miraculeux, mais son abstention peut être un frein décisif. Dans le domaine judiciaire, il faut donner suite aux projets d'avocat de l'enfant, l'enfant ne doit plus être l'otage de certains juges, le droit de visite une monnaie d'échange. Des obligations doivent être posées dans tous les lieux pour enfants et adolescents, et des lieux d'accueil sans condition doivent s'ouvrir .

.- Il faut permettre aux enfants et adolescents de parler dans les commissions extra- municipales, sur les ondes.

- Apprendre précocement à devenir acteur social, leur permettra d'acquérir une maturité que bien des adultes n'ont pas encore. »


Gilbert Bonnemaison

«La citoyenneté de l'enfant»

- Pour que puisse s'affirmer une réelle citoyenneté du jeune, nous devons, nous, acteurs de la vie collective, en rechercher les modalités. En tant qu'élu local, j'ai à réfléchir sur la place de l'enfant dans une ville, dans ses instances de participation. Nous nous devons de réaliser les structures et les équipements nécessaires pour introduire l'enfant à toutes les dimensions de la société, l'amener à s'engager dans tous les rouages de la vie collective et sociale; en matière de protection judiciaire de la jeunesse, il nous faut rechercher des solutions alternatives à l'emprisonnement.

- Réussir l'insertion des jeunes qui sont confiés à l'éducation surveillée implique de développer des réponses décloisonnées non ségrégatives, avec des partenaires locaux, élus, associations, où seraient associés les moyens propres de la protection judiciaire et ceux des autres partenaires.

-Il nous faut multiplier des approches progressives dont l'objet est de susciter chez les jeunes l'envie de prendre la parole et des initiatives, l'envie de s'installer dans tout ce qui existe.


Raymond Bellaiche

« Du droit à l'enfant aux droits de l'enfant »

- Il faut donner le droit de vote aux enfants par l'intermédiaire de leurs parents sous la forme même d'une demi-voix par enfant, et cela sera déjà une bataille de gagnée. Nos enfants ne seront pas reconnus tant qu'ils ne pèseront pas de leur poids dans les urnes. A partir de 14 ans, ils devraient pouvoir voter par eux-mêmes, en leur nom propre.

- Pourquoi taxer l'héritage en ligne directe? C'est risquer de spolier les enfants en poussant les parents à réduire leur activité professionnelle dès l'âge de 50 ans pour éviter la spoliation fiscale.


Andrée Ruffo

«Le tribunal, un lieu de parole pour enfants»

- Les enfants n'ont pas à être maintenus dans des cellules comme ils le sont actuellement, mais ils devraient pouvoir profiter d'une assistance éducative

- Dès le commencement de l'enquête, un juge d'enfant doit s'assurer que l'enfant est bien représenté par un avocat, c'est-à-dire quelqu'un qui représente les volontés de l'enfant.

- Un juge d'enfant ne doit pas s'arrêter aux symptômes.

- Un juge d'enfant doit s'assurer que les recommandations qui lui sont faites par les intervenants sont véritablement dans l'intérêt de l'enfant et non faites par complaisance pour des réalités administratives.

- Un juge d'enfant ne saurait se taire, soumis et complice à l'incurie des Ministères responsables : il doit dénoncer l'absence de ressources et mobiliser les énergies pour que l'on puisse effectivement créer des lieux et des ressources qui soient plus adéquates pour l'enfant.

- Un adolescent propose que s'instaure une rencontre immédiate, dans l’heure qui suit avec le juge, lorsque les enfants «craquent» à l'occasion de la séparation de leurs parents: « Il serait urgent de créer, dans le palais de justice, un lieu d'accueil offrant la possibilité aux jeunes d'être entendus dans l'immédiat, lors d'une brisure ou d'une impossibilité de retour au domicile conjugal décidé par la mère.

- Que l'enfant ou l'adolescent puisse parler seul avec le juge, en l'absence des parents, pour qu'il puisse dire librement avec quel parent il désire aller. Marie-France Blanco

«Quand les parents sont incarcérés»

- Pour permettre à l'enfant une séparation qui soit différenciée d'un abandon en cas d'incarcération de son parent, il faut aménager des parloirs dans les prisons qui soit spécialement conçus pour les enfants afin de maintenir une relation privilégiée avec son parent, et non anxiogène.


Soeur Irène Devos

« Des bébés naissent en prison, qui s'en occupe? »

- A Loos, les enfants, les bébés sont enfermés en cellule avec leur mère 21h30 sur 24. Ceci est une atteinte fondamentale aux droits de l'homme. D'autres naissent en prison. Je réclame pour ces femmes le droit de pouvoir enfanter dans la dignité, et pour ces innocents la mise en place d'alternatives à l'enfermement.


Catherine Lardon-Galeote

« Le mineur devant ses juges: l'enfant-pauvre de la justice »

- Si en Europe, sur l'ensemble de l'Europe, nous ne permettons aux avocats qui choisiraient d'être des avocats de la famille, des« avocats de l'enfant », de vivre matériellement ou de faire tourner leur cabinet matériellement, toutes les idées concernant l'avocat de l'enfant seront des idées utopiques: il faut absolument qu'il y ait une réforme générale sur l'aide judiciaire, et que nous soyons normalement rétribués.


Claudie Massaloux

« Des lieux de parole aux carrefours de la vie»

- Nous devons travailler ensemble à la création d'espaces de parole pour l'enfant et sa famille, aux carrefours de la vie - que ce soit le quartier, l’école, les grands magasins, la mairie, la poste, l’hôpital, la prison»

- il faut donner aux enfants et leur famille et aux professionnels de l'enfance, les moyens d'exercer ce que nous appelons «leur rapport au savoir», en créant des espaces de parole capables de favoriser une action préventive qui ne doive rien au dépistage.

- Une autre proposition également urgente, serait de reconnaître au travail social associatif ses lettres de noblesse, parce que le travail associatif est inestimable de souplesse et il répond, sur le terrain, à de réels besoins. Pour cela, il conviendrait d'ouvrir des possibilités de formation continue pour les bénévoles, et de prévoir des passerelles d'accès au travail professionnel quand ils le souhaitent.


Philippe Rix

« Les centres d'hébergement et de réinsertion sociale: lieux de médiation

- La place de l'enfant comme sujet parlant. »

- Si l'on prend le temps et le soin d'entendre l'enfant, de mettre des mots à ses maux, on fait un réel travail de prévention à son égard, quel que soit l'adulte concerné, le lieu ou l'institution où cette parole peut être entendue, à condition qu'elle soit comprise et interprétée avec compétence.

- Certaines associations, qu'il faut encourager, mettent en place des passerelles qui vont permettre un suivi des familles, à la demande des familles, à la demande des enfants, en créant des espaces et des lieux de médiation plus légers et plus souples.


Alfred Muller

« Dis, Monsieur le Maire »

- Dis, Monsieur le Maire, pourquoi tu nous donnes une salle «rock» dans la zone économique, c'est à quatre kilomètres. Y a pas de bus, et j'ai pas de mob?

- De fait, ce que disent les enfants s'adresse aussi bien à l'école, au monde associatif, aux urbanistes, à tous les responsables et à tous les membres de la commune. C'est pourquoi je propose que l'on trouve ensemble, les moyens de mieux faire connaître toutes les paroles émises par les jeunes dans les conseils. Ce serait intéressant pour des Ministres, des chercheurs, des planificateurs, qu'ils en prennent connaissance avant la mise en place de leurs projets.


Béatrice d'Irube

«L'information au service des enfants»


Mijo Beccaria

«Les joumaux d'enfants: des copains de papier»


Gilles Gressier

«Un nouveau lieu de parole: la radio des enfants»


Marie-Paule Eisele

«L'enfant de l'an 2000»

- L'information est un moyen de formation du citoyen, et les enfants sont prêts à prendre un rôle dans notre société, à agir concrètement: qu'on leur ouvre une tribune dans tous les médias, car c'est en les prenant au sérieux que l'on défendra leur droit d'expression. Il faut à tout prix que ceux qui en ont le pouvoir dans notre pays leur donnent les moyens de réaliser concrètement ce qu'ils ont voulu exprimer.


L'enfant et l'école

Antoine Prost, Chargé de mission auprès du Premier Ministre

- La question centrale qui nous est posée ici, c'est celle de l'individualisation de l'enseignement, et celle de la remise en question de l'uniformité de notre enseignement.

- Le nombre d'élèves par classe est un obstacle à l'individualisation, mais l'individualisation de l'enseignement relève aussi du savoir-faire des enseignants et de la pratique pédagogique.

- On pourrait, en suivant le Collège de France, dont le rapport au Président de la République n'a pas été assez utilisé, développer la thématique de la pluralité des cultures et de la diversification des formes d'excellence.

- La tradition quasi religieuse du respect des programmes doit être questionnée. Il nous faut consentir à ce que le programme ne soit pas la règle unique et uniforme, mais que chacun d'une certaine manière puisse n'en faire, non pas qu'à sa tête, mais au jugement qu'il porte sur ses élèves.

- Pourquoi n'y a-t-il pas de confiance entre les gens qui décident dans l'Education Nationale, et le corps enseignant? Il n'y a pas de confiance parce que la distance est trop grande et parce que le mode de gestion est impersonnel. li n'y a pas de confiance parce que les décisions tombent d'en haut sans que l'on n'y ait jamais été associé d'aucune façon.


Bernard Lehembre

« Les révolutionnaires et l'école: les maîtres ne doivent pas former de corps»

- Historien, il nous retrace les contradictions dans lesquelles se trouve prise l'école moderne, et les angoisses qu'elle a suscitées chez les révolutionnaires de 89. Citant Condorcet en 1791 : « Créez des corps enseignants, et vous serez sûrs d'avoir créé ou des tyrans, ou des instruments de la tyrannie! - il conclura son propos par ces mots: « Une tradition a établi que notre Education nationale, l'école de Jules Ferry était la fille de la Révolution. Qu'il me soit permis de ne pas reconnaitre cette filiation et de croire que notre Education nationale est bien plus dépositaire des valeurs impériales que des valeurs révolutionnaires.


Jean-Louis Derouet,

« Dé-standardiser sans dé-réguler: réflexions sur la justice à l'école dans un contexte de dé-centralisation »

Sociologue, il nous révèle le lien existant entre une certaine idée de ce qu'est la justice à l'école et l'organisation politique du système scolaire: l'école qui prétend libérer les individus, participe au contraire à la reproduction des conditions sociales.

Trois propositions à dégager:

- Redéfinir la part du national et la part du local. La rénovation des collèges repose sur la question des contenus: il faut définir ce que tout jeune Français arrivé à 16 ans doit savoir et doit être.

- Penser une évaluation du système éducatif dans un cadre relativiste»

- Recomposer l'expérience de tous face à l'école.


Jean-François Sabouret

« Au Japon, une école ouverte sur la vie? »

- L'école japonaise met l'accent sur l'espace scolaire comme lieu, non seulement d'apprentissage, mais de convivialité et de socialisation. On apprend des choses à l'école, mais aussi on apprend à vivre ensemble, à rire ensemble, à s' amuser ensemble, à s'organiser, à s'identifier. Qu ' est-ce à dire ? Le jeune japonais apprend dès la plus tendre enfance que l'école est un lieu et un bien commun que l'on respecte et dont l'espace appartient tout aussi bien sinon plus aux enseignés qu'aux enseignants.

- L'espace post-scolaire est géré par les élèves eux-mêmes qui, bien que sous l'autorité toute théorique et souvent assez lointaine d'un professeur responsable de tel ou tel club, gèrent en fait eux -mêmes leurs activités, rangent leur matériel, font leur ménage, lavent les vitres, ramassent les feuilles dans la cour» qu'est-ce qui empêcherait la France d'en faire autant? Les jeunes Français sont-ils aussi irresponsables et ont-ils autant d'espaces sains de jeu par ailleurs, qu'il n'y a pas nécessité de leur ouvrir l'école le soir, et de la leur donner à gérer?


Edith Tartar-Goddet

« A propos d'une lettre ouverte aux Présidents de la République présents, passés et futurs”

Psychologue, elle nous rappelle qu'une pédagogie basée sur l'imitation et la soumission est cause des échecs scolaires des enfants. Mais aussi qu'il serait temps de laisser les enseignants être libres de leurs méthodes, de leurs techniques, de leurs connaissances, afin d'adapter leur enseignement aux possibilités et aux désirs des enfants.

- C'est aux hauts fonctionnaires du ministère de l'Education, qui décident et ordonnent, qu'incombe la responsabilité de l'échec scolaire de nos enfants.


Gilles Manceron

«L'enfant citoyen dans l'école»

- L'enfant a un état civil, l'enfant participe à la vie sociale, il est donc déjà citoyen et doit bénéficier d'un certain nombre de droits en rapport avec son âge, droits qui sont aussi fonction d'un certain nombre de responsabilités» C'est à l'école qu'incombe l'apprentissage de la démocratie représentative: délégués de classe, délégués au conseil d'administration des établissements.


Jean-Pierre Mailles

«Curiosité et motivation: levier de la réussite scolaire»

- Développer la motivation des jeunes, en ayant une orientation construite.

- Développer la curiosité en basant l'enseignement sur les centres d'intérêts de l'enfant, et en luttant contre l'encyclopédisme.

- La FCPE est partisane que tous les partenaires se réunissent pour établir un projet d'établissement qui émette les conditions locales de la réussite scolaire pour tous les jeunes.


Stella Baruk

«D'une pathologie dite «de» l'enfant à une pathologie du sens»

- L'échec en maths n'est pas l'échec de l'enfant mais celui de l'enseignement; l'échec de l'enseignement n'est pas celui des enseignants mais celui de l'enseignement mystificateur et mythifié, théorisé depuis un espace vide d'enfants vrais par des instances au pouvoir hélas trop réel: ce que je démontre dans« l'âge du capitaine », c'est que la réponse folle donnée par un enfant qui, lui, n'est pas fou, à un problème qui est fou, est révélatrice de ce qu'au bout d’une ou deux années à l'école, l'enfant a simplement renoncé au sens. Et s'il y a une pathologie quelque part, ce n'est pas une pathologie de l'enfant, c'est une pathologie du sens ». Or du point de vue du sens, l'enfant est extrêmement exigeant. Tout le monde le sait sauf les auteurs de programmes et de livres.

- Il ne faut plus aujourd'hui que les enfants aient à gérer les intérêts inexistants de gens inexistants aux préoccupations inexistantes. Françoise Dolto disait: « Une intelligence, ça peut souffrir comme un coeur, comme une âme : si on pouvait voir sur elle, comme sur un corps, les coups qui lui ont été portés, on serait épouvantés. »

- Il faut travailler avec l'entendement des enfants, sinon on travaille contre lui.

- Il faut oser dénoncer l'absurdité de ce que nous avons comme système

d'enseignement des nombres et des opérations.

- Ce que je peux proposer, c'est un enseignement fondé sur du sens, transmissible et déjà éprouvé.


Eric Debarbieux

«L'école est-elle un lieu de parole

- Recommander et pratiquer une pédagogie de la communication basée sur la parole des enfants, c'est favoriser la socialisation, la personnalisation des apprentissages, la communication, le tâtonnement expérimental.

- L'école deviendra un lieu de parole pour les enfants quand la formation des enseignants sera, elle aussi, coopérative et socialisée, plutôt que scolastique et verticale.



«A St Nazaire, une pratique institutionnelle du partage des pouvoirs»

Christiane Alinc

«A l'école Vitruve, entreprendre pour apprendre: traiter socialement l'échec scolaire»


Michel Amram et Fabienne d'Ortoli

«L'école de la Neuville, une autre manière d'être dans la société»

- Nous proposons que dans tous les lieux éducatifs les enfants soient responsables de tout ce qui touche à leur cadre de vie, et que les temps d'apprentissages strictement scolaires ne soient jamais qu'une activité parmi d'autres, n'occupant, au plus, qu'un tiers du temps total de l'école.

- Que l'entretien et le rangement des lieux se fassent en collaboration avec les adultes responsables de leur enseignement.

- Que les heures d'ouverture de l'école se prolongent jusqu'à 18 ou 19h pour que l'école devienne un lieu de rencontre et d'échange pour des activités physiques et culturelles (sport, travaux manuels et artistiques, spectacles, fabrication de journaux»)

- C'est avec les élèves que nous voulons construire l'école : nous voulons entreprendre pour apprendre.


Eric Plaisance

«Les transformations de la socialisation du jeune enfant et le problème de l'échec .scolaire»

- Que peut-on proposer à l'égard d'une institution telle que l'école maternelle par rapport aux attentes des parents ? Il faut donner aux parents une grande explicitation des activités, des pratiques, et des modèles éducatifs qui sont à l'oeuvre dans l'école maternelle; ainsi qu'au personnel non enseignant qui travaille dans les écoles maternelles.

- Que les personnels enseignants reçoivent une formation renouvelée leur permettant d'intégrer la relativité de leur normes culturelles et différents types de personnels à leur côté incluant assistantes maternelles, puéricultrices»


Martine Jardine

«L'école maternelle peut-elle être une maison pour des enfants? »


Marie-Madeleine Lamy

«L'école maternelle: propositions du SNI-PEGC»


Hélène Brunschwig

«Quand l'école n'en veut plus»

- Sommes-nous capables en tant qu'adultes de créer un lieu de vie, un espace et un temps, pour les enfants, qui s'appelle l'école maternelle?

- Il nous faut réfléchir à l'organisation de l'espace, former le personnel de manière spécifique pour la petite enfance, réduire les effectifs, introduire des temps de relation et de concertation entre les personnels intervenant dans l'école et les familles; établir une continuité relationnelle entre les personnels des différents modes de garde de la petite enfance; enfin adapter les rythmes de vie scolaire aux rythmes biologiques particuliers à cet âge.


Dominique Bérody

« A propos de « 89 - l'histoire en-jeux: pratiques artistiques en milieu scolaire»

- Comment faire rencontrer l'art à l'école autrement que d'une façon pédagogique? Il faut promouvoir une rencontre vécue de l'intérieur, à travers des pratiques, à travers des propositions que pourraient faire des artistes, en vue d'une rencontre des sensibilités.


L'origine éthique des maladies

Michel Thierry, chargé de mission auprès de Claude Evin, Ministre de la Solidarité de la Santé et de la Protection Sociale

- Ce message comporte une série d'indications très précieuses concernant la protection maternelle et infantile (PMI) pour qu'elle devienne un véritable instrument d'épidémiologie; ainsi que les directives données par la circulaire du 1er août 1983 et portant sur l'hospitalisation des jeunes enfants.

- « Le ministre souhaite vivement que le colloque de La Harpe - Enfant de Droit puisse déboucher sur une série d'initiatives décentralisées touchant ainsi des lieux au plan local, où se fait quotidiennement l'accueil de l'enfant dans un certain nombre de structures socialisées.


Patrick Gohet

«Vivre ensemble c'est pas débile»

- Président de l'UNAPEI, il nous rappelle qu'aujourd'hui, le problème des handicapés n'est plus seulement un problème à examiner sous l'angle de la santé publique, mais au niveau social, c'est un problème de société.


Jean-Claude Wild

«Né pour être un être formidable»

- Directeur général des Centres éducatifs du Limousin, il exprime le voeu que soit constituée une cellule de travail, une sorte de comité d'éthique éducative, chargée d'élaborer et de rédiger le code déontologique des professionnels de l'éducation.


Aldo Naouri

«Parier sur l'enfant»

- En pédiatrie, si le corps souffrant est le corps de l'enfant, la bouche qui dit la souffrance ou la commente est toujours celle du parent» Le travail avec les parents de l'enfant ramène immanquablement et toujours de l' histoire. Or, qui dit de l'histoire, dit de la narration. Qui dit de la narration, dit évocation du temps et création de la conscience du temps. Qui dit création de la conscience du temps, dit aussi création de la conscience de l'autre.


Gérard Guillerault

«L'enfant: une chance éthique pour le social» -

- A propos de la santé psychique du corps social, ce psychanalyste nous rappelle la dimension éthique à mettre en place face à l'enfant: «C'est à ce niveau que nous avons à prendre garde à la façon dont nous traitons l'enfant. Le considérer entre les excès de l'ange idéalisé et du citoyen réduit à ses droits, respecterait ce qui est là à préserver du corps social, et qui constitue, peut-être, sa salutaire réserve d'inconscient. C'est aussi en quoi nous sommes liés collectivement à nos enfants, comme nous sommes liés à notre enfance. C'est aussi ça que représente l'enfant dont nous parlons, que nous le sachions ou pas, la part de l'enfant en chacun.


Isabelle Mangou

«L'aide sociale à l'enfance et la maltraitance : la douleur mentale et son approche thérapeutique»

- Cette psychanalyste nous laisse entendre le chemin à parcourir pour passer d'une loi du silence endolorie à une forme sociale de l'accueil de la douleur, et ses médiations nécessaires. Ainsi plutôt que d'élaborer des propositions concrètes, nous invite-t-elle à nous poser des questions que l'on n'ose pas toujours se poser avec courage: quelle forme sociale de l'accueil de la douleur faut-il mettre en place, quelles médiations nécessaires?

- L'institution de l'aide sociale à l'enfance est, bien souvent, mandatée pour recevoir ces situations et élaborer des solutions. Pour 8(:. prémunir d'une passion douloureuse autour de ces événements pathétiques, elle organise ses rites, ses cadres de travail, ses réponses administratives et éducatives. Mais comme on gère la maltraitance comme une poussée de fièvre incongrue et dangereuse qu'il faut éteindre, elle a tendance à étouffer la douleur qui cherche à se dire, surtout quand on traite ces problèmes graves, d'une manière trop bureaucratique ou institutionnelle. Combien de dossiers, de commissions, de réunions où tout se sait et rien ne se dit ? Où on ne parle pas aux intéressés et où on ne se déplace pas pour les accompagner? Où on ne se laisse pas surprendre par ce qu'ils ont à dire! Mais je crois que le malaise vient aussi, en partie, du fait que de l'intime d'une famille va venir trop vite sur la scène publique.


Gisèle Gelbert

«Troubles de type aphasique - enfants non-lecteurs»

- Elle nous rappelle que le Ministère de la Défense, dans son enquête de 1986 sur le pourcentage d'illettrés dans une classe d'appel, a fait ressortir 7% d'illettrés, c'est-à-dire 30 000 jeunes gens illettrés sur 420 000 appelés, et que sur ces 30 000 là, 1000 sont de vrais analphabètes, soit 0,23% de cette classe d'appel, qui sont des non-lecteurs devenus grands. Neurologue de terrain, elle émet l’hypothèse de l'existence de troubles de type aphasique - formulation qui lui permet de concevoir ce symptôme en dehors de toute corrélation anatomo-clinique stricte, puisque la plupart de ces enfants ne présentent aucune lésion objectivable. Cette hypothèse de troubles de type aphasique sous-jacent lui a permis de mettre au point des méthodes thérapeutiques aphasiologiques, lui permettant de faire lire et transcrire ces analphabètes dans des délais raisonnables (une année). Devant l’importance de l'enjeu, et comme pour toute méthode nouvelle, un double problème doit être résolu: « D'une part la précocité du dépistage, et l'affinement du diagnostic dans les premières années de scolarisation. Et d'autre part, la formation spécifique de spécialistes en nombre suffisant, avec une compétence adaptée.


Claudine Bourg

«Prévention des risques inhérents à la procréatique et à l'adoption»

- Les réponses de plus en plus médicalisées qui sont faites à l'infertilité doivent nous alarmer et nous inciter à créer un espace et un lieu de parole pour les couples dans une optique préventive: c'est à travers le souci de l'enfant que se fait jour le souci de ne pas laisser l'activité procréatrice de l'espèce se déshumaniser aujourd'hui»

- Il est important de nous demander en quoi les enfants conçus artificiellement sont des enfants à risques» à secrets de famille pouvant hypothéquer leur avenir.

- Les parents FIVETE, comme tous les parents d'enfants prématurés souffrent de l'hypermédicalisation qui les dépossède de leur acte de naissance.

- En ce qui concerne l'adoption, il faut avertir les parents adoptants de l'importance des parents biologiques pour l'enfant.


Anne Rose

«Qui trop embrasse mal étreint: le drame de l'enfant trop aimé»

- Etre à l'écoute de l'enfant, cela recouvre bien souvent, aujourd'hui, une forme de parasitage dans laquelle la névrose parentale s'exprime sans difficulté, de façon d'autant moins soupçonnable qu'elle est encouragée par le consensus culturel sur fond commercial.

- Psychothérapeute, elle propose un soubassement nécessaire à toute action en faveur de l'enfant: « partout où cela est possible (commissions, circulaires, comités, groupes de travail, mais aussi dans l'intimité familiale) agir en prenant en compte la dimension de fragilité psychique de l'enfant tout autant que sa fondamentale force de vie; oeuvrer pour que cesse ce nouveau culte de « l'enfant divin chargé de sauver nos âmes.


René Clément

«La vie n'est pas un long fleuve tranquille»

Ce psychanalyste nous invite à dépasser l'idéologie familialiste qui ferait que le destin d'un enfant ne dépendrait exclusivement que de sa famille: «Le plus grand des droits de l'enfant, c'est que les humains adultes qui l'entourent lui permettent d'avoir accès à la prise de conscience des responsabilités et des devoirs qu'il a d'abord par rapport à lui-même.

- Plus qu'une proposition concrète, c'est un renversement de tendance sur- protectrice en direction del' enfant qu 'il nous suggère: «Gérer les questions de la santé, gérer la complexité du psychosomatique, c'est une responsabilité à laquelle l'enfant a à être introduit par le type de prise en charge des adultes qui ont à le responsabiliser : en fonction de son âge et de son développement, lui restituer sa part de responsabilité pour son devenir.


Juan-David Nasio

«Françoise Dolto et sa consultation psychanalytique d'enfants»

- Il nous rappelle pourquoi Françoise Dolto tenait à une pratique de psychanalyse des troubles relationnels précoces : « Elle tenait beaucoup à ce que cette consultation ne soit pas seulement de thérapie, mais une consultation préventive et sociale matérialisée par une action thérapeutique intervenant très tôt dans la vie du sujet.


Simone Roux

«L'éthique de Françoise Dolto»

- Elle nous rappelle qu'il y a parfois de l'éthique chez l'enfant dans le choix de son symptôme, à savoir que l'enfant ne choisit pas n'importe quel symptôme et que dans ce choix, il peut y avoir, de sa part, un certain respect de l'équilibre familial. Ceci l'amène à réinterroger l'importance pour les psychanalystes comme pour les médecins, les enseignants, les soignants et les familles de respecter avant tout ce symptôme chez l'enfant, de le considérer comme un dire, de comprendre que ce symptôme peut être utile momentanément.


Liliane Zolty

«Réflexions sur la pratique de Françoise Dolto»

- « La souffrance psychique des enfants est immense. Elle est inadmissible pour chaque enfant un par 00, mais aussi pour les effets réactionnels de haine inconsciente, destructifs et meurtriers, qu'il vont engendrer, car toute atteinte à l'enfant est une atteinte à sa lignée en puissance ~ Une parole vraie doit être dite, quoi qu'il en coûte.


Edwige Fride

«La consultation de Françoise Dolto à l'hôpital»

- Citant Françoise Dolto: « L'enfant est aussi intelligent à la naissance qu'à l'âge adulte. Il n'a pas la« logique », mais il intuitionne la vérité du dire, pour peu que quelqu'un veuille vraiment communiquer avec lui ~ ; elle insiste sur la considération que l'adulte doit porter à l'enfant.


Danielle Rapoport

«Est-ce que tout est langage?»

-« Si tout est langage, de quelle oreille entendons-nous ? » Cette psychanalyste recadre ici le débat si délicat tournant autour du « dire ou non à l'enfant la vérité de son histoire».


Pascal Martin

«Etiquette ou quête de l'éthique: la parole du sujet au tamis de la nosographie»

- Il y évoque l'ambiguïté de l'accueil, cliniquement parlant, qui fait de l'enfant un cas psychiatrique, et transforme le dire du patient en discours pathologique. Ce psychanalyste nous propose d'inverser ce rapport de « la cueille» pour que le narcissisme de l'analyste puisse s'y laisser surprendre: «La position éthique est bien située au-delà de la connaissance et de la reconnaissance nosographique, elle est dans l'acceptation de la surprise.


Stanislaw Tomkiewicz

«Des enfants, des droits «octroyés»

- A partir des travaux de Janusz Korczak, resitués dans les années 30 en Pologne, il fait pièce au philosophe Alain Finkelkraut qui feint de craindre qu'avec la Convention internationale des droits de l'enfant nous tombions sous la dominance des enfants ou des jeunes et que cela nous conduise à des régimes totalitaires: Il nous rappelle qu'à partir du moment où l'on respecte la subjectivité de l'enfant, alors, ils pourront à leur tour saisir les nouvelles libertés «octroyées» par des adultes et assumer leurs nouveaux droits d'information et d'association: « Je pense que les droits de l'enfant sont des droits octroyés par une certaine vision éthique que nous avons de l'homme et que nous avons de l'enfant lui-même.

Et je veux terminer en disant que la seule supériorité, ici, des enfants sur les peuples colonisés, sur les travailleurs opprimés ou sur les femmes, c'est qu'aucun homme n'a jamais été femme et qu'il a été obligé de donner des droits à la femme; aucun Afrikaander n'a jamais été Bantou et qu'il a été obligé de donner quelques droits aux Bantous à la suite des luttes que vous connaissez; et il n'y a que très peu de patrons qui ont été ouvriers (et ce sont souvent les pires !). Par contre, nous, les adultes, nous avons tous été, plus ou moins, des enfants autrefois! C'est en tant qu'anciens enfants, malgré tout l'oubli que nous avons de notre enfance, que nous devons le respect aux enfants, que nous devons lui donner des droits parce que, en même temps, nous donnons du respect et des droits à nous-mêmes.


Illustration par Claudie Barral

Lien vers son site




Soirée inter-associative sur le thème:

A quand les Etats-Généraux des enfants ?

Willy Barral, Président de l'association la Harpe - Enfanr de Droit

- rappelle une des dernières «utopies pour demain» de Françoise Dolto : Un ministère des jeunes dans une société qui ferait vraiment sa place aux enfants et prendrait le relais du ministère de la Famille pour tous ceux qui, à 14 ans, sont en âge de s'émanciper - tout ou partie - de la tutelle familiale ou de ses substituts.

- Faire voter les jeunes dès l'âge de 14 ans, pourrait largement contribuer à développer leur sens civique des responsabilités. Les enfants et les jeunes doivent être consultés dans tout ce qui touche à leur vie quotidienne, alors la violence et les seuils de délinquance chuteraient d'importance. Au cours de cette soirée, les enfants y ont certes pris la parole mais non sans quelque difficulté. C"est pourquoi ici, nous leur donnons priorité en retraçant in extenso certaines paroles d'enfants qui comportent en elles- mêmes, d'excellentes suggestions de propositions concrètes.


Sami, un enfant libanais et Stéphanie, participant au voyage en bateau organisé par Médecins de Monde:

- Dans cette fameuse année du bicentenaire de la Révolution, et de la Déclaration des Droits de l'Homme, notre but était de porter notre parole d'enfants sur la Convention des droits de l'enfant. Un long voyage dans un voilier, trois escales sur la route des esclaves nous auront permis de réfléchir sur cette Convention; de préciser les points qui ne nous plaisaient·pas, et de porter notre message au Secrétaire Général de l'ONU, le 26 août 1989. Après avoir rencontré le Secrétaire Général, nous avons voulu continuer avec l'aide de Médecins du Monde. Nous avons créé notre Comité, et nos activités se sont multipliées, dont la plus récente est l'envoi d'une lettre à l'Ambassade de l'Angleterre et une autre à l' Assemblée du Sénégal pour les inciter à la ratification de cette Convention.

- Nous souhaitons que les Etats s'unissent et que cette Convention soit ratifiée par tous les pays, qu'elle serve effectivement à quelque chose, et que ce ne soit pas juste une propagande. Nous avons besoin d'aide, nous les enfants; nous sommes souvent bien oubliés et nous payons pour les adultes.


Aurélie Blin et Julie Vanderlinden : Les cahiers de doléances de Nancy.

-·Pourquoi faudrait-il toujours demander la permission pour un oui pour un non à nos parents?

- Il y a des parents qui battent les enfants, et certains enfants sont mal habillés par rapport aux adultes.

- Les adultes sont en général peu sympathiques : ils ne nous prennent pas au sérieux.

- Les adultes sont sauvages avec les enfants : ils s'attaquent au plus vieux, ils accusent souvent à tort et à travers, sans vérifier si c'est vrai ou pas.

- On demande rarement leur avis aux enfants.


Un enfant sur les ondes de la Radio Superloustic, ce soir-là:

- Le droit des enfants est-il respecté dans les familles? Nous aimerions pouvoir nous exprimer sans nous faire disputer par nos parents, et que notre opinion soit retenue.


Sophie, Cahier de doléances de Bourg-en-Bresse:

- Ce qui nous parait injuste à l’école, c'est que les maîtres et les maîtresses ne nous écoutent pas assez.

- Nous n'aimons pas les professeurs méchants qui râlent toujours. Nous n'aimons pas les heures de retenue et de punition; trop de devoirs nous empêchent de nous amuser .


• Ce qui nous parait injuste, c'est que les maîtres nous tapent quand on ne comprend pas les leçons.

- Les enfants respectent les adultes, mais il faut aussi que les adultes respectent les enfants.


Sylvaine, Cahier de doléances d'un collège à Bordeaux :

- Ce qui nous convient, c'est de pouvoir discuter et d'avoir des opinions contraires; c'est l'auto-discipline en salle de permanence, c'est la confiance et la compréhension. '

- Ce que nous souhaitons: c'est respecter les droits des autres; laisser parler les adolescents et les enfants; accepter des opinions différentes; choisir ses études selon ses goûts et accepter les conséquences de ses choix.

- Nous souhaitons davantage de responsabilités au collège et dans les conseils de classe.


Yann Guillomet, Cahier de doléances du Mans :

- Toute la classe trouve injuste qu'à la caisse des magasins, même quand on est arrivé avant, on passe après quand on est un enfant.

Nous proposons:

- que les jeunes aient plus le droit de parler devant la société.

- qu'on leur demande leur avis quand cela les concerne dans les loisirs, à l'école, dans le quartier.

- nous proposons que les Français et les étrangers fassent des choses ensemble pour apprendre à mieux se connaître et à s'apprécier.


Damien, cahier de doléances de l'école Laleu à La Rochelle:

- Vous qui avez lu ou entendu tout ce que nous avons écrit, faites-en des livres, montrez-le à la télévision, au monde entier !Et dites bien que tout ce que nous avons écrit s'appelle liberté! S'il vous plait. Faites-le, et le monde sera plus heureux et plus joyeux.


Karine Seiler, Présidente de la F.I.D.L. :

- Moi, je fais partie d'une fédération lycéenne indépendante et démocratique, donc je parlerai surtout des lycées.

- jusqu'alors, dans le lycée, l'expression des lycéens dépend totalement de la personnalité et du bon vouloir des proviseurs; dans aucune loi, il n'est écrit que les lycéens peuvent bénéficier du droit d'expression, de réunion, d'association, qui sont les droits élémentaires. Avec la Convention internationale des droits de l'enfant, ça va enfin changer puisque tous les lycéens pourront s'exprimer dans les lycées» On ne devient pas citoyen comme çà. facilement, ça s'apprend, de devenir citoyen! Et ça s'apprend par l'école, par le collège, par le lycée. Je pense que c'est très important. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs, la FIDL a lancé une grande pétition pour le droit des lycéens.


Emmanuelle, du lycée expérimental de St Nazaire

- Avant que j'entre au lycée expérimental, j'étais l'année dernière dans un collège. Au conseil de classe, où on voulait parler, le directeur, souvent, essayait de changer la discussion et de changer la parole pour que, en fait, je ne puisse pas tout à fait dire ce que j'avais envie de dire, et tout ce que la classe aurait voulu dire.

- Nous, ce qu'on voudrait dire ce soir, c'est qu'on ne voudrait pas attendre dix ans pour avoir des propositions concrètes! Ce qu'on voudrait aussi, c'est qu'à la fin de cette soirée, soit prise la décision d'organiser des Etats-Généraux des enfants, et cette fois avec une majorité d'enfants. Aussi, les élèves du Lycée expérimental de St Nazaire veulent bien participer aux Etats Généraux, et proposent d'aider, de participer, d'organiser.


Roger Bambuck, Ministre chargé du Secrétariat d'Etat de la Jeunesse et des Sports

- Je vais vous parler de concret, car j'étais déjà en train de concrétiser des choses avec des jeunes à propos des Etats-Généraux des enfants, et je leur disais que s'ils en étaient d'accord, que ce soit eux qui prennent l'initiative, alors j'étais prêt à les aider, à les soutenir, et à les aider concrètement à monter ces Etats-Généraux de l'enfance, qui sont réclamés ce soir à cor et à cri. La seule condition que j'y mets, c'est que ce soit effectivement les enfants qui s'emparent de ce projet.


Hélène Dorlhac, Ministre, Secrétaire d'Etat chargé de la Famille

- Dans toutes les décisions concernant les enfants, c'est l'intérêt supérieur de l'enfant, qui doit être la considération primordiale.

- Ceux qui entourent les enfants, sont responsables de leur donner l'orientation et les conseils appropriés à l'exercice des droits reconnus dans la Convention. - pour que les enfants puissent faire entendre leurs droits, Madame Dorlhac rappelle le numéro de téléphone vert sur le plan national: 05054141


Jean-Pierre Rosenczveig, Directeur de l 'IDEF

- En quoi les enfants individuellement mais aussi collectivement peuvent-ils avoir prise sur leur vie et être peu ou prou les acteurs de leur destin? Quelle est la marge de manoeuvre qui nous est possible dans notre société telle qu'elle est aujourd'hui ?

- Quel que soit leur âge, ce que souhaitent les enfants, c'est d'être entendus sur tout ce qui les concerne.

- Il ne faudra pas se contenter de droit formel ou de liberté uniquement représentative: ne peut-on pas imaginer, dans un pays comme le nôtre, instituer un médiateur de l'enfance (un peu comme il en existe dans les pays anglo-saxons) qui fasse qu'il y ait des relais permanents et que des jeunes, comme des adultes d'ailleurs, ne soient pas amenés à crier pour être entendus.


Denise Cacheux, Député, propose qu'à l'Assemblée Nationale, le jour de la ratification de la Convention internationale des droits de l'enfant, ce soit les enfants qui occupent les tribunes.


Marie-José Chombart de Lauwe, Ligue des droits de l'homme

- Installons réellement l'Etat de droit dans toutes les institutions de l'enfance


Patrick Aeberhard, Médecins du Monde Actions-écoles

- Nous avons décidé d'essayer de mettre ce nouveau droit de créer des associations d'enfants en pratique.


Jean-Louis Machuron, Pharmaciens Sans Frontières

- Nous ferons connaître ici ce qui se passe là-bas, au niveau des enfants, dans les pays du tiers-monde et nous impliquerons les enfants à nos actions.


Agnès Fichot, Média-Enfance

- Disons aux enfants que nous souhaitons, nous les adultes, être responsables par rapport à eux, c'est-à-dire ne pas user et abuser de notre autorité. C'est pourquoi nous les aiderons à recevoir l'information à laquelle ils ont droit : ils sauront alors mieux se défendre, s' exprimer et contester à leur tour pour mettre.en place par eux-mêmes ces Etats-Généraux des enfants.


Pascal Vivet, AFDDE, propose une fête de l'enfance.


Pierre de Rosa, les Francas

- Il n'y aura de droits réels que s'ils sont exercés !


Eric Debarbieux, ICEM

- Nous nous engageons à ce que ces Etats-Généraux s'appuient sur des réseaux effectifs locaux et régionaux, et que tous les enfants y soient représentés.


Simone Chalon, Comité Alexis Danan

- Nous n'avons jamais fait de manifestation publique. Mais nous continuerons à nous battre pour les droits de l'enfant, ceux qui sont les plus oubliés.


Serge Lesourd, GRAPE

- Pour les Etats-Généraux de la petite enfance, il nous faut mettre en place un travail de formation des adultes: retravailler avec les parents sur quelque chose qui a été leur enfance.


Richard Joffo, Union pour l'enfance

- Faire passer dans le droit une Norme Enfant


Béatrice d'Irube, le Journal des enfants

- Notre journal informe déjà les enfants en abordant tous les sujets de l'actualité. Je souhaite que tous les jeunes apprennent à s'adresser aux médias en nous exprimant leur opinion: on s'engage à les publier.


Gilles Gressier, Radio Superloustic

- Nous sommes à la disposition des enfants pour leur servir de courroie de transmission.


Karine Seiler, FIDL

- Nous nous engageons à faire circuler l'information sur la Convention internationale des droits de l'enfant dans les lycées, et nous participerons concrètement à la mise en place et à l'organisation des Etats-Généraux.


Jean·Pierre Rosenczveig, IDEF

- Quand dans ce pays et dans la famille, les familles dans leur pluralisme, dans les quartiers à travers toute une série d'initiatives, à travers des associations, dans l'école, pas mal d'enfants auront eu la possibilité, auront pris la possibilité de contester et de prendre la parole - et la Convention va les y aider - tout le débat auquel l'association la Harpe - Enfant de droit a contribué ce soir, pour les aider à s'exprimer, alors, à ce moment-là, se lèveront des jeunes qui seront capables d'être porteurs d'une revendication de rencontre d'Etats Généraux.


Willy Barral, Association La Harpe - Enfant de droit

- Nous rappeIons qu'il n'a jamais été question, en tant qu'association de formation pour adultes, d'organiser les Etats-Généraux des enfants, mais d'inviter les enfants à une soirée inter-associative avec adultes pour participer à un débat qui pose une véritable question, celle de la participation effective des enfants aux problèmes de société qui nous concernent tous, d'où le thème de cette soirée inter-associative: «A quand les Etats Généraux des enfants ?


Deux pétitions ont largement circulé au cours de ce colloque, ainsi qu'après à travers le pays. La première concerne les violences à enfants. Elle est formulée ainsi par Emmanuel Bouquet, psychologue:

- L'article 312 du Code pénal interdit de porter des coups sur les enfants, à l'exclusion des violences légères. Qu'entend-on par violences légères ? N'est-ce pas la porte ouverte à tous les abus de la part des adultes? Au cours du colloque de La Harpe - Enfant de droit, une pétition a circulé parmi les congressistes pour que cette ambiguïté soit levée au niveau de texte législatif et que notre droit français interdise formellement et sans condition, les coups à enfants; comme d'ailleurs le droit suédois s'y est résolu.


La deuxième pétition concerne l'incarcération des bébés:

- Les participants au colloque organisé à l'UNESCO par l'association La Harpe - Enfant de droit, sous l’intitulé «La Révolution des petits pas», adressent au Premier Ministre Michel Rocard et au garde des Sceaux un recueil de signatures pour l'arrêt définitif de l'incarcération des bébés à naître et des nourrissons en France, sans séparation d’avec la mère. Pour cela, nous demandons à ce qu'il soit recherché des solutions intermédiaires (structures d'accueil hors prison, peines de substitution) permettant un réel développement de l'enfant; préservant la dignité de la mère; maintenant la relation affective et la communication durant toute l'incarcération.


Nous avons recueilli plus de mille cinq cents signatures pour ces deux pétitions et les avons transmises à Monsieur Michel Rocard, Premier Ministre, à Monsieur Pierre Arpaillange, Garde des Sceaux, à Madame Hélène Dorlhac de Borne, Ministre chargé du Secrétariat d'Etat à la Famille.



Sommaire du livre

 
  1. Le colloque a donné lieu au dépôt de plusieurs dizaines de propositions concrètes, présentées ci-dessous, par l’intermédiaire de Jean-Pierre Rosenczveig, magistrat et directeur de l'IDEF, auprès du Conseil Economique et  Social.